Chaumière où l’on rit vaut mieux que château où l’on pleure
Alexis Debeuf
Du 30 mars au 12 mai 2019
Vernissage le samedi 30 mars à 14h30
Hors-les-Murs
Dans le cadre du week-end Hors-les-murs de la ville de Bayeux
Du 17 u 24 avril / Affiches en ville
Du 17 au 12 mai / Installation dans la cour de l’Hôtel du Doyen
Révéler la poésie qui se cache derrière l’apparente banalité, contrer l’habitudinaire, la norme, orchestrer des variations de l’ordinaire ; voilà le programme que l’on pourrait attribuer à l’artiste Alexis Debeuf. Au rez-de-chaussée, l’exposition Chaumière où l’on rit vaut mieux que château où l’on pleure expose ses rayonnages avec des objets hétéroclites qui attirent le chaland depuis la rue. Ce joyeux ensemble est composé de sculptures, sérigraphies, photos au travers desquelles l’artiste porte un regard à la fois sociologique et politique sur notre société. Il provoque un déraillement des routines et des conventions et détourne avec réjouissance le quotidien. Par ce décalage et ces étranges rencontres, il convoque les choses familières, les donne à voir sous un nouveau jour.
Ainsi, Force tranquille et ses chaussons-chaussures de sport, ravira les supporters motivés qui voudraient apprécier un match depuis le confort de leur canapé. Non loin, La French Kiss combine habilement une perceuse-visseuse sur laquelle est fixée une langue : un bon moyen, pour les étrangers en visite à Paris, de s’exercer avant de conquérir la capitale des amours. Enfin, la série de sculptures Hors d’œuvre, répliques en miniature des remparts anti-intrusion, sont faites de tessons de verre et de béton. Comme une amulette à emporter avec soi sur un porte-clés, monté en pendentif ou encore en simple objet de décoration, celles-ci seront proposées à une clientèle avertie en souvenir des propriétés bien gardées.
La pièce intermédiaire de l’exposition offre aux regards des visiteurs deux mégaphones qui se font face et dont on ne sait qui aura le dernier mot. Aux côtés de cette sculpture contestataire, se trouve une série d’affiches dont l’artiste a détourné les slogans commerciaux à des fins politiques. L’origine de cette pièce se trouve dans la réutilisation des slogans de Mai 68 par une célèbre enseignes de magasins. Alexis Debeuf renverse la situation en s’appropriant les réclames publicitaires qu’il propose lors de rassemblements. Par ces gestes, il déplace les frontières qui séparent traditionnellement la culture populaire de l’art.
Dans la continuité de l’exposition, le premier étage aborde le détournement à travers un ensemble d’œuvres qui renverse l’ordre établi, délocalise de manière burlesque et décomplexé les valeurs de notre monde. Bien loin d’une vision pessimiste, l’artiste rejoue les postures de notre société et révèle avec humour ses inepties. Il opère des déplacements et des déconnexions qui donnent une nouvelle dimension aux objets qu’il crée. On y trouve par exemple Autoritratto (autoportrait), un drôle de râteau dont le manche dessine un profil. Celui-ci délivre par un jeu visuel l’expression des éconduits. Plus loin, Extension remplace la toile d’un parapluie par des tuiles en bois. Ici, le jeu des matières, leur déplacement, renvoie à des imageries poétiques, aux prémices d’une histoire que tout à chacun est libre de se raconter.
Détournés de leur usage habituel, ces artefacts se déclinent, s’animent et se conjuguent pour composer un nouvel ensemble et former un nouveau langage. Délivrées de leur banalité, les choses dévoilent leur part de poésie. Alexis Debeuf suggère que le quotidien peut être appréhendé comme un jeu aux règles permissives, un jeu sans limite. L’espace d’exposition devient alors un lieu où l’on invente, un lieu de la débrouille et du bricolage, un espace de libération.
Programme Hors-les-murs
Du 17 au 24 avril
Affiches en ville / Objets du désir
Pour prolonger l’expérience face aux œuvres d’Alexis Debeuf, deux installations sont à découvrir en dehors des murs du Radar. La série Objets du désir, détourne des publicités et renverse les valeurs empruntées au domaine du commerce. Depuis 2017, Alexis Debeuf créé une série de collages à partir des publicités de grandes surfaces qu’il récupère dans sa boîte aux lettres. De manière intuitive et spontanée, il associe un objet et la description d’un autre produit, créant par ce rapprochement, un nouvel objet hybride. Cette série de quatorze affiches est visible sur le réseau de panneaux d’affichage à Bayeux du 17 au 24 avril.
Du 17 avril au 12mai
Étendards – Installation Étendards la cour de l’Hôtel du Doyen
L’installation Étendards réalisée spécialement pour le week-end Hors-les-murs de la ville est visible dans la cour de l’Hôtel du Doyen. Pour l’artiste, investir l’espace public permet d’interroger les visiteurs sur nos engagements citoyens. Sortir de l’espace d’exposition, aller à la rencontre du public fait par ailleurs partie de sa démarche. Tel un clin d’oeil, le jaune et les bandes réfléchissantes font ici place à l’or et l’argent, le rond-point à une cour intérieure. La couverture de survie est avant tout un objet que l’on trouve dans les trousses de secours. Moins qu’une prise de position pour un mouvement ou une situation particulière, cette installation appel à une plus grande protection sociale et écologique. Elle fait alors écho aux différents soulèvements populaires auxquels on assiste actuellement.
Médiations
Le samedi 4 mai
Médiation de l’exposition à 14h30
Durée 1h / entrée libre / sur réservation auprès du Radar
Le dimanche 5 mai
Visite de l’exposition « spéciale enfants » à 15h
Durée 45 min / de 6 à 12 ans / entrée libre / sur réservation auprès du Radar
Visuel : Alexis Debeuf, Chaumière où l’on rit vaut mieux que château où l’on pleure, 2019 ©Alexis Debeuf